17.5.07

Appel à la grève le jeudi 24 mai

La date du jeudi 24 mai a donc été officiellement maintenue pour notre prochain mouvement. Nous espérons que vous serez nombreux à vous mobiliser. Pour les Fnac parisiennes, le point de rassemblement sera la Fnac des Ternes.

Cette date a finalement été retenue pour apporter un peu de changement, puisqu'il est vrai que nous avions choisi jusqu'à présent des vendredi ou des samedi. C'est donc offrir la possibilité aux effectifs du jeudi de se mobiliser aussi.
Nous vous invitons à être productifs en pancartes, banderoles et idées en tous genres.

Bon courage à tous !

Analyse de la crise sociale à la Fnac

Voici le rapport que nous a fait parvenir un étudiant en communication interne. Il décrit les étapes de la crise que nous traversons à la Fnac, puis analyse brillamment la situation. Nous le remercions pour sa contribution très intéressante.

L’agitateur culturel s’agite - Communication de crise

La Fnac est en train de vivre une crise sociale : le PDG, Denis Olivennes, a récemment annoncé la suppression de 300 postes dans les services administratifs. Sept syndicats ont alors appelés à la grève le 4 mai 2007.

8 mois avant la crise

Tout a commencé en octobre 2006, lorsque le PDG présente à l’ensemble de ses 900 cadres un plan stratégique pour les cinq prochaines années. La raison de cette décision est la baisse de rentabilité du groupe. Les syndicats réagissent à cette nouvelle en lançant un premier appel à la grève. Des rumeurs de licenciements et de rachat apparaissent dans le camps des salariés. Pour autant aucune communication ne semble être faite en interne.

7 mois avant la crise

En novembre, le PDG de la Fnac est interviewé dans La vie des médias sur LCI. Lors de son passage, il revient sur les bouleversements des modes de consommation. A cette époque, le PDG est conscient du plan social à venir. Pourtant il n’en dit rien. Cela peut sembler étrange, d’autant qu’il affirme que la Fnac ne cesse d’augmenter son chiffre d’affaire, « on continue de vendre beaucoup de disques : plus de 22 millions en 2005 ».

3 mois avant la crise

Le PDG de la Fnac publie un essai : La gratuité, c’est le vol. Quand le piratage tue la culture. Il y dénonce le piratage et entend protéger la culture. Par le biais de cette publication, il se légitime rapidement en tant que partie prenante à cette problématique.
Denis Olivennes est désormais une « référence » dans la polémique du piratage sur internet. Ceci peut être pour mieux préparer la crise à venir de la Fnac dans l’opinion publique ?

Le mois précédant la crise

Le 24 avril :
Une procédure de plan social est lancée lors du comité central d’entreprise, prévoyant la suppression nette de 300 postes d’ici à mi 2008. Un nouvel interlocuteur arrive alors sur la scène médiatique : le DRH. En effet, ce n’est pas le PDG qui annonce la mesure mais le DRH. Ce sera sa seule intervention. C’est à cette date que les syndicats annoncent la date du 4 mai comme grève nationale.

Le 27 avril :
Le PDG de la Fnac revient sur le devant de la scène en accordant une interview au Figaro dans laquelle il dément les rumeurs de licenciements, celles-ci prenant pourtant de plus en plus d’importance. Malgré cela, la Fnac semble rester dans une stratégie de transparence maîtrisée : elle ne communique uniquement sur ce qu’elle souhaite. Il semble par exemple exister un plan GPEC dont on n’entend pas parler. D’autre part, les inquiétudes des salariés quant à leur avenir ne sont pas levées.

Début Mai :
Pour répondre aux interrogations et craintes des salariés, des tracts et affiches réalisés par la direction sont distribués aux employés. La direction ressent sûrement le besoin d’informer en interne et mesure l’importance grandissante des revendications salariales.
L’intranet offre également la possibilité aux salariés de visionner un discours leur expliquant la situation. L’interlocuteur est toujours le PDG. Il s’est ensuite rendu sur les lieux de Fnac parisiennes afin d’écouter les revendications de ses salariés.
La communication envers les salariés fut tardive, la direction avait sûrement sous estimé les menaces de grèves et leur importance.


Pendant la crise

Le jour de la grève, les médias retranscrivent peu les propos de la DG, ce sont essentiellement les syndicats qui sont à l’honneur. On peut tout de même lire la déclaration suivante du PDG « la Fnac doit faire face à des changements dans son environnement comme la chute des ventes sur le marché du disque, la disparition des travaux photos et l’émergence d’Internet. »

Au lendemain de la grève

La déclaration du PDG que l’on peut lire dans Le Monde :
« Depuis trois ans, nous modernisons la Fnac dans le respect de ses valeurs humanistes. Il est normal que la réorganisation suscite des interrogations des salariés et la vigilance des syndicats. Je regrette que la réorganisation suscite des interrogations des salariés et la vigilance des syndicats. Je regrette que l’on n’ait pas réussi à négocier cette modernisation pourtant socialement responsable »
Le message se réoriente vraiment sur l’interne. Le PDG semble jouer la carte de l’empathie pour aboutir à des négociations.

Les différents acteurs

- le PDG : « nous sommes dans un secteur en pleine mutation » .
- le DRH : « nous devons nous moderniser ».
- les syndicats : « c’est une politique anti-sociale, c’est un danger pour la pérennité de l’entreprise et pour nos conditions de travail ».
- les salariés : « on ne comprend pas, l’entreprise se porte pourtant bien ».

Un autre « acteur » apparaît lors de cette crise : Internet. En effet, l’émergence des nouveaux médias prend toute son importance dans cette crise. Afin d’exprimer leur revendication politique sans étiquette syndicale, les salariés ont créé un blog : blogofnac. Novateur, cet outil met en exergue la nouvelle place des médias.
On comprend aussi, qu’il devient de plus en plus difficile pour une entreprise de gérer la crise dans son intégralité, devant la multiplication des sources d’informations. Il est alors nécessaire pour l’entreprise d’orienter sa communication afin de la rendre efficace.

La stratégie de la FNAC

Lors de cette crise, la stratégie de la Fnac semble d’élargir le problème. En communicant sur cette crise, la Fnac s’oriente sur un problème plus global : celui du piratage. Ainsi, en détournant le problème sur le piratage, l’opinion publique se disperse et en oubli le coeur - celui-ci, ni approfondi, ni même expliqué. La Fnac éveille un sentiment de culpabilité chez les consommateurs : « en téléchargeant, je détruis des emplois ». Elle s’oriente sur une thématique bien plus large et complexe que celle d’une restructuration. En « noyant le poisson », la Fnac conserve ainsi une image positive.

Cet argument semble pourtant faible. En effet, la Fnac va, ces prochaines années, créer plus de 3000 emplois par des ouvertures de magasins en périphérie des villes (NB : la Fnac est actuellement implantée dans les centre-villes). On peut alors se demander en quoi le piratage leur est néfaste ? N’est-il pas plutôt question d’une reclassification des métiers ?

Et pour cause, la suppression des emplois a uniquement lieu dans les services administratifs. La Fnac justifie cela par le changement de l’environnement, alors que l’argument du repositionnement stratégique serait plus recevable. En effet, la Fnac semble vouloir transformer ses disquaires et libraires en commerciaux. La nouvelle part variable attribuée aux vendeurs en est la preuve. La Fnac tend à acquérir une vocation plus commerciale que culturelle.

De plus, la Fnac semble tirer bien des profits de cette « nouvelle ère ». Elle est en effet leader sur le téléchargement en ligne via son site et ses parts de marché sur les produits numériques (IPod, clefs USB…) ne cessent d’augmenter.
Enfin, il ne faut pas l’oublier, la Fnac appartient au groupe PPR qui, entre le récent rachat de PUMA et le sponsoring de Laure Manaudou, se porte plutôt bien. Et ce, grâce à une stratégie commerciale offensive.

Sources :
Presse :
Fragilisée par Internet, la Fnac se cherche un nouveau modèle économique, le Monde, le 28 Octobre 2006
La Fnac menace de supprimer 300 emplois, le Monde, 24 Avril 2007
La Fnac va supprimer 300 postes d’ici à 2008 sans licenciement, le Monde, 26 Avril 2007
Les salariés de la Fnac en grève, le Monde, 04 Mai 2007
Les salariés de la Fnac redoutent un plan social massif et une vente de l’enseigne, le Monde, 05 Mai 2007
Fnac : 8% de grévistes selon la direction, Nouvel Obs., 04 Mai 2007
La Fnac s’interroge sur son avenir, l’Expansion, 03 Mai 2007
La gratuité va t elle tuer la culture ?, le Nouvel Observateur, 22 Mars 2007
La Fnac s’apprêterait à lancer un plan social, le Nouvel Observateur, 13 Avril 2007
La Fnac ne licencie pas, Le Figaro, 27 Avril 2007
Télévision :
La vie des médias, 4 novembre 2006
JT de TF1, 20H le 04 Mai 2007
Internet :
http://blogoFnac.blogspot.com.
www.Fnac.com

16.5.07

Une grève intelligente

Nous le savons tous, il règne à la Fnac un climat de terreur qui démobilise les gens, bien qu'ils soient une majorité écrasante à juger favorablement notre mouvement. Ils sont d'ailleurs très nombreux à attendre "quelque chose", une étincelle qui les ferait se lever avec nous.
Pour convaincre les plus réticents d'entre nous, nous devons mener une grève intelligente. Une grève indolore pour nous, mais au contraire très "douloureuse" pour nos dirigeants. Nous pensons qu'un débrayage bien organisé de quelques heures un vendredi ou un samedi est la solution la plus efficace...


Nous avons aussi tous vu que si la Province s'est mobilisée en masse sur une journée entière, ce ne fut pas le cas à Paris ou les débrayages ont duré quelques heures, le temps de se rassembler en un point. Si les employés de Forum sont venus en grand nombre, à Ternes, ils étaient une dizaine, une trentaine à Saint-Lazare. Guère plus à Montparnasse. Or ces magasins regorgent de centaines d'employés au bout du rouleau n'attendant qu'un déclic pour se joindre à nous.

Malgré ces faibles mobilisations, nous l'avons vu, la grève à Paris a quand même été une réussite, car tous les magasins ont eu la bonne idée de se réunir en un point.


Et c'est la où nous voulons en venir : une somme de petits nombres fait un grand nombre. Il vaut mieux réunir tous les débrayages en un point pour donner un effet de masse à notre mouvement, et donner ainsi envie à de plus en plus de monde de nous rejoindre.


Nous étions 100 devant Saint-Lazare le 14 avril, 300 à Montparnasse le 27 avril, 500 aux Champs-Elysées le 4 mai, combien serons nous la prochaine fois et devant quel magasin ?


Aussi, nous pensons qu'un effet "coloré" est indispensable pour marquer les esprits. 500 personnes "en civil" ça se voit, 500 personnes en gilet vert, ça saute aux yeux encore plus. Si en plus, ces 500 gilets font du bruit, si ils brandissent pancartes, drapeaux et banderoles, bref si ils se montrent coordonnés et organisés, alors la grève est une réussite... sans pour autant avoir besoin de mobiliser 100% des effectifs, et sans avoir besoin de prendre la journée. Une demi-journée suffit, ce qui permet aux plus frileux de passer une heure ou deux, histoire que la perte de salaire soit infime, comparativement à ce que l'impact d'un débrayage bien organisé et médiatisé peut nous apporter.


C'est ce que l'on pourrait appeler une grève productive : Nous voulons une grève intelligente et rentable.

La Fnac veut rentabiliser ? Rentabilisons aussi nos actions.


Voici notre proposition de "débrayage type" pour les Fnac Paris et Île-de-France :

Nous proposons une grève de préférence un vendredi ou samedi devant un magasin parisien dont le nom sera connu lors des A.G tenues une ou deux heures avant. A partir de 15h, tous les cortèges d'employés se retrouvent devant le magasin en question, en gilets verts à 100% (emmenez un sac plastique avec vous si vous craignez de le porter en chemin). Nous invitons tous les employés, grévistes ou non, à mettre la main à la patte en créant banderoles, t-shirts ou pancartes hautes en couleurs et inventives.

13.5.07

Licenciement : un cadre raconte

Vu sur tousavecpatrick.blogspot.com, le blog de soutien à un cadre licencié dernièrement de la Fnac Digitale à Paris. Il s'agit du témoignage anonyme d'un cadre racontant les étapes de son licenciement :

Voilà comme se passe un licenciement d'un encadrant à la Fnac : mise sous pression avec injonctions contradictoires. Un jour votre N+1 vous demande de réaliser des travaux, le lendemain, il vous donne une autre priorité et à l'air de se fiche du premier objectif, puis revient sur le premier, bref, vous fait tourner bourrique...

Tout ça, s’est pour préparer votre « dossier » (notez que pour certains Directeurs, c’est le comportement courant, même pas besoin d’avoir l’objectif de vous licencier, c’est dans leur mode de fonctionnement et puis cela peut servir lorsqu’ils ont besoin d’un fusible.
Donc, l’étape suivante, la convocation (préalable à l’entretien de licenciement).

Là, un courrier est prêt qui vous signifie votre mise à pied... vaut mieux être assis, là vous êtes mal. SURTOUT NE PAS SIGNER CE COURRIER : cela oblige votre N+1 à vous l’expédier en recommandé et cela aussi lui indique que vous n’êtes pas né de la dernière pluie, cela peut même le surprendre, voir l’inquiéter et vous donner un jour ou deux pour encaisser le coup et filer dare-dare chez un avocat spécialisé...
Ah, j’oubliais, à ce niveau là, avant que vous ne franchissiez le seuil de la porte, votre N+1 va vous faire la confidence qu’il est avec vous et qu’il ne vous laissera pas tomber, une fois que vous serez licencié, si, si... je vous promets, c’est du vécu.

Bon, là, il vous donne un rencard, genre mafia dans un endroit discret aux alentours du magasin (mais pas tout à coté quand même) car la chose est délicate : il s’agit de la négo, vous partez mais avec un bonus.

On oublie donc le dossier à charge et vous signez un courrier comme quoi vous êtes licencié mais pour un motif pas trop grave : vous n’êtes plus en accord avec la politique de l’entreprise (ça c’est fastoche), vous avez des divergences entre votre manière de concevoir votre métier et la manière dont le conçoit votre N+1 (facile aussi), bref, vous allez être licencié, allez percevoir vos indemnités de licenciement (= à 1mois de salaire par année de présence) et après trois mois de carence, vous toucherez vos Assedics... rien d’anormal là dedans, voilà donc le bonus : 10000 à 15000€ suivant votre niveau, votre ancienneté + le suivi par un cabinet de recrutement, genre ANPE mais privé, plus chic... si vous signez un joli papier indiquant que vous n’attaquerez pas la boîte...

Voilà donc le premier deal.
Bon, vous êtes du genre hargneux, vous voulez en découdre, l’avocat indique que vous avez toutes les chances de gagner mais il va falloir réunir des témoignages, des pièces (mieux vos avoirs au préalable et de manière régulière fait des sauvegardes de tous vos résultats, qualitatifs, quantitatifs, actions de promotions diverses et variées enfin, tout ce qui fait votre quotidien à la Fnac.

Pourquoi ? Parce que dès que vous aurez eu le premier entretien, on vous priera de prendre vos affaires personnelles et quitter à jamais votre lieu de travail pour ne pas avoir accès à aucun des docs qui pourraient servir dans une action contre votre employeur).
Pour les témoignages, il faut qu’ils soient écrits au stylo et que votre témoin joigne une copie de sa pièce d’identité ( très difficile à obtenir lorsque votre témoin bosse à la FNAC...)
Sachez que votre N+1 ne se gênera pas de son coté pour produire le témoignage de vos meilleurs amis en magasin (je tiens à remercier une certaine RCG qui me proposait la veille encore de déjeuner avec moi) genre de courrier qui fait mal...
Bon, ensuite, c’est la machinerie judiciaire qui se met en marche, comme d’hab, il vaut mieux être riche et bien portant, c’est à dire cadre plutôt qu’employé sachant que l’ouverture d’un dossier chez un avocat, c’est tout de suite 1500€...
Bon, ensuite, vous signez une convention avec l’avocat qui prendra 10% sur les gains éventuels et c’est parti pour... 5 ans : 2 ans pour passer devant les Prud’hommes qui n’arrivent pas à se mettre d’accord, puis un an pour que le dossier repasse devant le Juge qui rend un jugement ménageant la chèvre et le choux encore une année et demi pour passer en Cour d’Appel (nettement plus pro que les Prud’hommes) et encore quelques mois pour que la FNAC crache au bassinet...

Donc, c’est très long mais cela a un avantage, c’est que du coup, vous pouvez produire plein de témoignage en votre faveur car c’est incroyable ce que la FNAC sort comme personnel en 5 ans, sur un Département complet, seul deux vendeurs étaient encore en poste à l’issue de mon affaire !!! Cela donne une idée du Turn-over (pas très joyeux tout ça...)

Voilà pour le partage d’expérience, pour moi, ce n’est pas très satisfaisant, que l’on parte de manière négociée ou que l’on traîne l’affaire en Justice, on en reste marqué, à la réflexion, il n’y a qu’une manière de s’en sortir, de ne pas être isolé dans ce genre de cas, c’est d’avoir en amont la démarche de participer à un collectif en se syndiquant, c’est aussi le meilleur moyen pour avoir des infos autres que celles distillées par le DM ou la bonne parole de la Com.

Ne pas avoir que les œillères FNAC et avoir un regard un peu distancié sur son job et d’être assisté en cas de coup dûr, c’est l’antidote contre les mauvaises surprises...

Et bien voilà pour ce qui concerne mon vécu d’un licenciement de la FNAC/PPR... En espérant que vous n’aurez pas à avoir besoin de ces infos à titre personnel...


Courrier à D. Olivennes

Voici le courrier adressé jeudi 10 mai à Denis OLIVENNES par les syndicats CGT, FO, Sud et CNT Fnac Paris, faisant suite à la journée de grève du 4 mai :

Monsieur le Président, Les craintes et le mécontentement des salariés de la Fnac face aux projets que vous souhaitez déployer ne sont plus à démontrer. Les nombreux débrayages et grèves qui ont eu lieu depuis un mois et demi dans les magasins sur tout le territoire et qui ont convergé ce 4 mai vers une grève nationale d’une ampleur inégalée en sont la preuve.
De la même manière, vous avez pu constater vous-même la virulence des propos des salariés et la colère qui les animaient au cours des réunions que vous avez pris l’initiative d’organiser sur Paris. Il en fut de même pour Messieurs Decressac, Sfez et Gazuit lors de leurs déplacements dans les magasins de province.

Ce malaise ne peut que s’accroître si aucun geste d’ouverture n’est rapidement fait de la part de la direction. Il apparaît bien que les salariés ne se contentent pas de belles déclarations sur les « valeurs humanistes» ou de slogans du type « 100 % de reclassement » pas plus que de votre regret de les voir toucher un intéressement dérisoire pour 2006.
Les propos injurieux et provocateurs que vous tenez dans les médias contre les syndicats dont le personnel s’est doté ne peuvent qu’aggraver encore la tension sociale à la Fnac. En effet, l’immense majorité des salariés comprend bien que le débat ne se situe pas entre les modernes et les archaïques mais entre ceux qui mettent au centre de leur politique la recherche de la rentabilité maximum de la Fnac, quels que soient les dégâts sociaux qu’elle provoque, et ceux qui défendent les intérêts des salariés, leurs emplois, leurs salaires, leurs métiers, leurs conditions de travail.

Pour nous, il y a urgence à agir, il y a urgence à négocier. C’est pourquoi, pour les sociétés Paris, Codirep et Relais, nous vous demandons officiellement :

• l’ouverture d’une vraie négociation sur l’emploi à la Fnac et la remise à plat de votre projet back-office. Contrairement à la négociation GPEC que vous avez menée sur un périmètre sans aucun fondement juridique et qui ne pouvait que se conclure par un échec, une véritable négociation sur la gestion prévisionnelle des emplois doit, en prenant les problèmes en amont, permettre d’éviter des restructurations brutales tout en permettant d’adapter les emplois aux évolutions nécessaires à la Fnac.

• la reprise des négociations salariales qui ont été bâclées dans toutes les filiales et qui vous ont servi sans aucun dialogue à transformer le système de rémunération à la Fnac. La négociation d’une prime de 14e mois compensant la modicité de notre intéressement 2006, dont vous reconnaissez vous-mêmes qu’il est injuste.

A Fnac Paris, il va sans dire que nous sommes totalement disposés à renégocier l’accord d’intéressement pour les années 2007/2009, ce qui ne solde pas la question pour 2006. Nous vous rappelons d’ailleurs que nous avions émis ce souhait dès la signature de l’accord en juin 2006, car celui-ci, basé sur vos principes, n’apparaissait pas satisfaisant du tout pour les salariés.

A Fnac Relais, la renégociation de l’accord d’intéressement pour les années 2007/2009 est étudiée par les syndicats signataires de l’accord en cours d’application. Il va sans dire qu’elle ne pourrait se dérouler sereinement et efficacement que dans un climat social apaisé, ce qui, vous le reconnaîtrez comme nous, est loin d’être le cas actuellement.
De plus, nous vous rappelons que des obligations légales s’imposent à vous comme à tout employeur.
Ainsi en est-il des critères de la Convention collective sur les Métiers que vous ne respectez pas et des règles concernant les ouvertures exceptionnelles les jours fériés (lundi de Pâques et 14 juillet) que vous bafouez allègrement.

Persuadés que la situation actuelle à la Fnac ne peut que vous convaincre qu’il est grand temps de négocier loyalement et sincèrement avec les organisations syndicales plutôt que de les dénigrer pour tenter de justifier le fait d’imposer vos projets à la hussarde, nous attendons une prompte et positive réponse de votre part.

6.5.07

Bilan de la journée du 4 mai

C'est en province surtout que le mouvement a pris une dimension inattendue. 38 magasins sur 50 exactement, du jamais vu :

Angers, Annecy, Belfort, Bourges, Brest, Cannes, Chartres, Clermont-Ferrand, Colmar, Dijon, Grenoble Grand Place, Grenoble Victor Hugo, Le Havre, Le Mans, Lille, Lorient, Lyon Bellecour, Lyon Part-Dieu, Marseille, Metz, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Nîmes, Orléans, Pau, Perpignan, Reims, Rennes, Rouen, Saint-Etienne, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Toulouse Labège, Toulouse Micro, Tours, Troyes.

Dans ces magasins, on pouvait compter entre 60 et 90% de grévistes. La Fnac Grenoble Victor Hugo a dû fermer ses portes.

En ile de france, c'est la Fnac Forum qui s'est le plus mobilisée, en acheminant près d'une centaine d'employés sur les champs-élysées. Ils y ont été rejoints par Parinor, Montparnasse, La Défense, Italie2, Saint-Lazare, Ternes (en petit nombre), Digitale, ... pour atteindre au milieu de l'après-midi le nombre de 500 employés, qui après avoir distribué des tracts et répondu aux nombreux journalistes présents, ont bloqué l'entrée, puis investi les lieux.

A noter la présence sur les champs élysées d'employés de province et aussi de Belgique, ces derniers venant nous mettre en garde et nous faire partager leur mauvaise expérience. En effet, cela fait 2 ans déjà que les Fnac belges subissent des restructurations, et les promesses de départ de la direction, identiques à celles que l'on nous soumet aujourd'hui, n'ont pas été tenues, loin de la... Nous publierons prochainement leur témoignage.

A noter aussi la présence des employés de Surcouf (PPR) et Virgin. Le même jour, les employés de MONOPRIX ont eux aussi décidé de faire grève en revendiquant des hausses de salaire.

C'est la première fois dans l'histoire de la Fnac qu'un si grand nombre de magasins arrive à se mobiliser simultanément. C'est un succès d'autant plus important que beaucoup de magasins étaient "novices" en la matière et ne comptent que peu d'employés syndiqués. Nous sommes très heureux de constater que des gens se décident à prendre les devants et à montrer l'exemple.

Merci et bravo à tous ceux qui se sont mobilisés.

5.5.07

Mobilisation historique

Merci et bravo à tous les employés qui se sont mobilisés hier dans toutes les Fnac de France.

Cette journée a été marquée par une très forte participation, qui plus est coordonnée. A Paris, devant la Fnac Champs-Elysées, nous étions entre 400 et 500.

Nous étions très nombreux en province,dans la quasi-totalité des magasins, avec un taux de participation, allant même jusqu'à fermer comme à Grenoble.

Nos dirigeants ont (très tôt hier) annoncé un taux de mobilisation de 4%, puis de 8%, très loin de la réalité.
Néanmoins, la mobilisation aurait du être beaucoup plus forte. La direction a omis d'annoncer le nombre d'intimidations envers les employés, qui s'est encore aggravé hier... Dans plusieurs
Fnac, les cadres ont veillé au grain, de manière très efficace, face à des employés toujours aussi influençables et parfois terrorisés.

Ce que l'on retiendra heureusement de cette journée, c'est la forte mobilisation, la solidarité de tous les magasins et l'impact médiatique que notre mouvement a suscité. Bravo et merci à tous.

3.5.07

Grève nationale Vendredi 4 mai

Le Vendredi 4 mai, les employés de toutes les Fnac de France sont en grève. Nous préférons tous le dialogue et la concertation, mais notre direction a choisi à notre grande déception l'intimidation et le rapport de force. Demain, nous devrons montrer que nous ne sommes pas prêts à accepter l'inacceptable. Il est nécessaire de tous nous mobiliser pour fixer les limites.

Nous encourageons tous les employés à se réunir et à suivre leurs délégués syndicaux.
Nous avons nous-même préparer un tract que vous êtes libres de télécharger, imprimer, photocopier et distribuer, à destination de notre clientèle.


Voici le kit de tractage de blogofnac. Prêt à être imprimé, et photocopié, recto-verso (format A5) :






Nous vous encourageons à communiquer avec nos clients pour leur expliquer la situation et les conséquences des changements actuels qui les touchent directement.

Enfin, les employés de toutes les Fnac parisiennes sont eux invités à se réunir, en gilets, devant la Fnac Champs-Elysées, à partir de 15h.

Nous vous remercions pour votre soutien et vous demandons de nous aider, et donc de vous aider, en étant nombreux à vous mobiliser. Veuillez ne pas céder aux chantages et intimidations de la part de votre hiérarchie. Notre PDG Denis Olivennes nous l'a répété aujourd'hui, le droit de grève est inaliénable et nécessaire lorsque toute forme de débat se montre stérile.

Bon courage à tous.

Un bel exercice de communication

Depuis quelques jours, sont distribués dans des magasins, des tracts et affiches réalisés par la direction. De superbes tracts magnifiquement élaborés à l'aide d'une mise en page efficace et de slogans accrocheurs. Le tout envoyé en grand nombre aux cadres des magasins, chargés de distribuer, placarder et expliquer à tous les employés, comme des petits soldats au service d'une propagande de forte envergure.

Des tracts qui sont accrocheurs en effet, qui parlent de beaucoup de choses, sans rien expliquer. Aujourd'hui la direction réalise que nos actions commencent à prendre de l'ampleur, que nos moyens de communication sont efficaces, que nos explications commencent à faire réagir employés et clients, et essayent maintenant de démentir par n'importe quel moyen la "désinformation" que nous représentons à leurs yeux.

Ainsi, on assiste à un mea-culpa sur l'intéressement des Fnac parisiennes, mal calculé, et on projette un futur intéressement qui sera un vrai 14ème mois, c'est promis, juré ****

**** : à objectifs atteints, ce qui veut dire que en fin de compte, ce sera hypothétiquement un 14ème mois, mais potentiellement un 14ème jour.

A vrai dire, cela ne change pas grand chose, puisque chaque année on nous promet un intéressement fabuleux pour l'année suivante...

En lisant ces tracts et ces slogans dignes de publicités pour de la lessive, on a l'impression que l'on veut vous vendre quelque chose : que l'on veut vous faire avaler n'importe quoi.

Aussi, pour marquer le coup, Denis Olivennes s'est courageusement présenté en personne dans 4 des grandes Fnac parisiennes, hier et aujourd'hui, en compagnie de messieurs Bernard Lemaire et Yvan Michel : Ternes, Forum, Montparnasse, et Chatelêt. A chaque fois devant une foule très importante d'employés.

Pour une fois d'ailleurs, tous les employés étaient encouragés à se présenter à cette "A.G" (et rémunérés aussi !). Incroyable.

Auparavant, on pouvait avoir sur "intrafnac" un avant-goût de cette réunion, en visionnant le message de paix du PDG de la Fnac, face caméra.

Denis Olivennes a ainsi le mérite de dire vouloir calmer le jeu, et expliquer la situation. Chaque débat dans les Fnac parisiennes a ainsi commencé, dans le calme et la clarté. Puis s'est installé le flou, l'ignorance, l'évitement, et enfin l'agacement, voire dans certains cas la colère.

Explications :

Notre PDG nous explique clairement qu'il n'y aura pas de licenciement, qu'il veillera à ce que chaque reclassement se déroule bien, que ce plan social est nécessaire vis à vis de la situation du disque et de la modernisation du back-office.
Il se dit choqué de la désinformation qu'il lit ça et la, et insiste bien sur le fait que la Fnac ne perdra pas ses valeurs, qu'il y est fortement attaché. Il nous assure que la nouvelle variable ne changera en rien nos comportements, mais au contraire nous rémunérera plus justement.

Mais lorsqu'il s'agit de le mettre face à ses contradictions, et de donner des réponses claires, malheureusement, Denis Olivennes n'y est plus.

Ainsi, plusieurs questions sont restées en suspend.

Si Denis Olivennes insiste sur le fait que personne ne sera licencié, qu'il y aura 100% de reclassement, nous nous sommes interrogés à plusieurs reprises.
Pourquoi invoquer la chute du disque pour justifier le reclassement des disquaires, mais ne rien faire au contraire pour augmenter les effectifs des départements produits techniques, en surcroît d'activité ? En effet, seuls les postes "vacants" sont gelés et réservés pour disquaires et employés du back-office. Aucun poste ne sera créé dans des départements qui pourtant font face à des surcroîts de clientèle et de chiffre d'affaire, et qui sont souvent en sous-effectifs chroniques. Reclasser des employés vers des postes "vacants", cela revient à supprimer définitivement des postes.

D'autre part, personne ne se fait d'illusion sur les postes proposés qui n'ont souvent aucun rapport avec le back-office ou le disque et qui précipiteront beaucoup de "reclassés" en situation d'échec. Nous disposons d'ores et déjà de témoignages et d'exemples de vendeurs en situation d'échec, abandonnés dans des domaines qu'ils ne maîtrisent absolument pas. Dans la réalité, la personnalisation et l'accompagnement ont jusqu'à maintenant été quasi-nuls.

Ensuite, Denis Olivennes a insisté sur l'indépendance des vendeurs, et minimisé l'impact de la VIM. Évidemment, notre PDG minimise son impact dans notre façon de travailler, mais maximise son impact sur notre fiche de paie. En réalité, et nous l'avons démontré, la VIM est une variable dérisoire qui incite à travailler plus pour essayer de ne pas gagner moins, nuance.
Un de ses arguments est notamment que cette variable ne représente que 10% de notre rémunération contre beaucoup plus chez nos concurrents.
Et c'est bien ce que nous dénonçons. En procédant ainsi, on fait en sorte que les vendeurs se concurrencent entre eux, sans leur donner véritablement plus. Le beurre et l'argent du beurre. L'attitude agressive d'un vendeur commissionné, sans le rémunérer davantage.

De même quand Denis Olivennes met en avant l'absence de seuil ou de plafond sur cette variable, c'est habilement jouer sur les mots. Car en effet, en théorie, il n'y a pas de plafond ! En pratique, le plafond, c'est vous, vos capacités, ainsi que le nombre de clients et de factures réalisables par jour. Reste que les pourcentages de commissions proposés sont absolument dérisoires et que "l'absence de plafond" n'y change rien... En réalité, le plafond, ce sont ces pourcentages eux-mêmes, qui sont ridiculement bas.

Pour Denis Olivennes, cette commission n'est en rien une guelte, et il continue d'encourager les valeurs d'indépendance des vendeurs (forcément, ça plaît à nos clients). Reste que les plans de vente, associés aux objectifs de la VIM, c'est une guelte. Une guelte intéressante pour lui, puisque nous nous battrons pour vendre aux clients les plan de ventes, pas intéressante pour nous, puisqu'elle ne nous rapportera rien de plus qu'une bonne VME.

Enfin, Denis Olivennes a prôné des valeurs de dialogue et de concertation avec les partenaires sociaux en prenant appui sur des personnes qui sont justement connues pour faire passer en force leurs propositions lors des instances, et éditer les compte-rendus de négociations avant même qu'elles aient eu lieu. Ce qui n'a pas manqué de faire réagir nos représentants syndicaux.

Face à ces contradictions soulevées, l'attitude a au cours de ces débats toujours été la même : on passe à autre chose, on revient sur un autre point mieux maîtrisé, on évite. Et au final, cela finit en agacement certain de la part de tous les employés. Évidemment, quand l'audacieuse opération de communication se transforme en plébiscite et argumentaire efficace pour une grève aux yeux de tous les employés des magasins, les dirigeants fuient.
Denis Olivennes a tout de même eu le mérite, avant de partir, de nous rappeler que le droit de grève est inaliénable. Merci. La plupart des cadres l'avaient oublié ces derniers temps, il était bon de leur rappeler.

Nous sommes déçus, car nous voulions des réponses, et un débat. Nous étions prêt à entendre, à écouter attentivement cet autre son de cloche, à comprendre ces besoins de modernisation, à accepter les bonnes raisons invoquées par notre direction. Or nous n'avons entendu que des fausses notes. Et toujours ce même mépris. Le seul point positif est que cette attitude de fuite nous donne raison, aux yeux et au su des centaines d'employés présents aux A.G.

A notre sens, lorsque deux parties émettent un son de cloche différent, il s'agit de déterminer laquelle de ces parties évite le débat. Laquelle dénonce la désinformation sans argumenter clairement ses points de vue. Laquelle tente de passer en force ses idées et d'intimider les plus influençables.

Nous sommes indépendants, et nous aimons notre entreprise. Nous persistons et sommes confortés dans notre action de part nos entrevues avec nos dirigeants. Nous vous encourageons à vous mobiliser demain vendredi 4 mai, pour défendre nos conditions de travail, nos rémunérations et les valeurs de la Fnac, essentielles à son succès. Essentielles à nos succès.